Ma ville,
quand nous sommes venus chez toi,
Mon père,
ma mère,
ma sœur et moi,
tu n'avais pas
Autant de rues,
autant de toits, tu n'étais pas
Aussi grande que ça,
ma ville
Derrière chez nous,
t'avais des terrains vagues,
Devant chez nous,
on voyait tes montagnes
Et c'était tout,
ma ville,
face à notre maison, Le pont,
l'hiver venu pour nos autres
garçons,
était déjà plus dur Que le mur de la Croix-Haut ou des beaux
sangs sous nos planches, ma foi,
c'était déjà coton
Ma ville,
sur tes trottoirs,
on faisait du patin,
Sur nos mouchoirs,
nos mères comptaient
nos bûches et nos chagrins
Ma ville,
ma ville,
ma ville,
je t'aimais bien,
Tu m'as prêté tes murs pour y écrire
mon nom,
Quelques mètres de rue pour jouer au ballon,
Et puis quelques sonnettes,
et lorsque j'eus grandi,
Tu comptas mes copains et choisis mon ami,
ma ville
Ma ville,
à l'automne mourant, descendant de la nuit,
Des troupeaux de moutons nous sortaient de nos lits,
Fragile,
un agneau qui avait vu le jour,
En chemin,
dans les bras d'un berger dormait,
Et au matin,
ma ville,
sur ta chaussée,
On voyait nos voisins
qui ramassaient,
En songeant à leur plante un semblant de crotin,
Ma ville,
ma ville,
ma ville,
tu nous aimais bien,
A mon premier amour, c'est toi qui fut déçu,
Son premier rendez-vous, c'est toi qui est
venu,
A ce premier chagrin, c'est toi qui a pleuré,
Et puis vingt ans, je t'aime,
qui nous a séparés,
J'arrête là les mots qui font cette chanson,
J'ai tant de souvenirs que ça ferait trop long,
Mais rien ne dit qu'un jour,
je n'aurai pas raison,
De faire d'autres couplets qui porteront ton nom,
Ma ville