Des murs qui se désardent
Un escalier étroit
Une vieille mansarde
Et me voilà chez moi
Un lit qui se gondole
Une table de guingouin
Une lampe à pétrole
Et me voilà chez moi
Mais le soir quand le caphar me pénètre
Et que mon cœur est partout malheureux
J'écarte les rideaux de ma fenêtre
Et j'écartille les yeux
De l'autre côté de la rue
Y a une fille,
une belle
fille Qui a tout ce qu'il lui faut
Et même le superflu De l'autre côté de la rue
Elle a de l'argent,
des bijoux,
des voitures Des basins,
des maisons,
des pourrues
De l'autre côté de la rue
Y a une fille,
une belle fille
Si j'en avais le cœur Je n'en demanderais pas plus
De l'autre côté de la rue
Je le connaissais à peine
On s'était vu trois fois
La saine,
il est venu chez moi Dans ma chambre septième Au bout du corridor
Il murmura « Je t'aime » Moi j'ai dit « Je t'adore »
Il m'a comblé de baisers, de caresses
Je ne désire plus rien entre ses bras
Et quand je vois ses yeux pleins de
tendresse Alors je me dis tout bas
De l'autre côté de la rue
Y a une fille,
une belle fille
Qui ne connaît rien de l'amour Ni ses joies et perdus
De l'autre côté de la rue Elle peut
garder son monsieur qu'elle déteste
Des beaux bijoux,
tout son luxe et le reste De l'autre côté de la rue
Y a une fille,
une fausse fille Qui regarde toujours d'un
air triste et perdu De l'autre côté de la rue